Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/387

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

m’aime, c’est toujours son excuse, et ce n’est que d’aujourd’hui qu’il m’a priée de me taire.

Comment ! d’aujourd’hui ! s’écria-t-elle ; est-ce qu’il t’est venu voir ? Non, madame, repartis-je, mais il m’a écrit, et je vous conjure de ne lui point dire que je vous l’ai avoué. C’est le laquais que vous m’avez envoyé hier qui m’a apporté ce petit billet de sa part ; et —sur-le-champ je le lui remis entre les mains. Elle le lut.

Je ne saurais blâmer mon fils, dit-elle ensuite ; mais tu es une fille étonnante, et il a raison de t’aimer. Va, ajouta-t-elle en me rendant le billet, si les hommes étaient raisonnables, il n’y en a pas un, quel qu’il soit, qui ne lui enviât sa conquête. Notre orgueil est bien petit auprès de ce que tu fais là ; tu n’as jamais été plus digne du consentement que j’ai donné à l’amour de Valville, et je ne me rétracte point, mon enfant, je ne me rétracte point. À quelque prix que ce soit, je te tiendrai parole ; je veux que tu vives avec moi ; tu seras ma