Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/388

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consolation ; tu me dégoûtes de toutes les filles qu’on pourrait m’offrir pour mon fils, il n’y en a pas une qui pût m’être supportable après toi ; laisse-moi faire. Si Mme de Fare, qui, à te dire la vérité, est une bien petite femme, et l’esprit le plus frivole que je connaisse, si elle n’a encore rien répandu de ce qu’elle sait, ce qui est difficile à croire, vu son caractère, je lui écrirai ce soir d’une manière qui la retiendra peut-être. Dans le fond, comme je te l’ai dit, elle n’est que frivole et point méchante. Je la verrai ensuite, je lui conterai toute ton histoire ; elle est curieuse, elle aime qu’on lui fasse des confidences ; je la mettrai dans la nôtre, et elle m’en sera si obligée, qu’elle sera la première à me louer de ce que je fais pour toi, et qu’elle pensera de ta naissance pour le moins aussi avantageusement que moi, qui pense qu’elle est très bonne. Et supposons qu’elle ait déjà été indiscrète, n’importe, ma fille, on trouve des remèdes à tout ; console-toi. J’en imagine un ; il ne s’agit, dans cette occurrence-ci, que de me mettre à l’abri de la censure. Il suffira que rien ne retombe sur moi. À l’égard de Valville, il est jeune ; et quelque bonne opinion qu’on ait de lui, il a beaucoup d’amour ; tu es de la plus aimable figure du monde, et la plus capable de mener loin le cœur de l’homme le plus sage ; or si mon fils t’épouse, et qu’on soit bien sûr que je n’y ai point consenti, il aura tort, et ce ne sera pas ma faute. Au surplus, je suis bonne, on me connaît assez pour telle ; je ne manquerai pas d’être très irritée,