Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/404

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Ma mère m’aime tant, c’est un si bon cœur, elle a été jusqu’ici si inébranlable, j’ai reçu tant de témoignages de sa fermeté, est-il possible qu’elle change jamais ? Que ne m’a-t-elle pas dit encore la dernière fois qu’elle m’a vue ? je veux finir mes jours avec toi, je ne saurais plus me passer de ma fille. Et puis Valville est un si honnête homme, une âme si tendre, si généreuse ! Ah ! Seigneur, que de détresses ! Qu’est-ce que tout cela deviendra ? C’était-là par où je finissais, et c’était en effet tout ce que je pouvais dire.

Aux soupirs que je poussais, la bonne sœur converse, tout en continuant son chapelet et sans parler, levait quelquefois les épaules, de cet air qui signifie qu’on plaint les gens, et qu’ils nous font quelquefois compassion.

Quelquefois aussi elle interrompait ses prières et me disait : Eh ! mon bon jésus, ayez pitié de nous ; hélas ! mademoiselle, que Dieu vous console et vous soit en aide !