Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/441

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À l’égard de la livrée du cocher, il s’agissait d’un galon jaune sur un drap brun ; ce qui leur indiquait celle d’un magistrat, cousin de ma mère, et avec qui ils se trouvaient tous les jours.

Et qu’est-ce que cela concluait ? Non seulement que la famille avait agi là dedans, mais que le ministre même l’appuyait, puisque Mme de… avait chargé une de ses femmes de me venir prendre : c’était une conséquence toute naturelle.

Toutes ces instructions-là, au reste, ils ne les reçurent que le lendemain de mon enlèvement. Non pas que Mme de Miran ne fût venue la veille après-midi, comme vous savez qu’elle me l’avait écrit ; mais c’est que, lorsqu’elle vint, la tourière, qui était la seule de qui elle pût tirer quelques lumières, était absente pour différentes commissions de la maison, de façon qu’il fallut revenir le lendemain matin pour lui parler ; ce ne fut même qu’assez tard ; il était près de midi quand ils arrivèrent. Ma mère, qui ne se portait pas bien, n’avait pu sortir de chez elle de meilleure heure.

Mon enlèvement l’avait pénétrée de douleur et d’inquiétude. C’était comme une mère qui aurait perdu sa fille, ni plus ni moins ; c’est ainsi que me le contèrent les religieuses de mon couvent et la tourière.

Elle se trouva mal au moment qu’elle apprit ce qui m’était arrivé ; il fallut la secourir, elle ne cessa de pleurer.

Je vous avoue que je l’aime, disait-elle en parlant de