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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/462

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monde. Aussi bien est-il certain que je mourrais de chagrin du blâme qui en retomberait sur vous ; et si je ne vous l’épargnais pas, je serais indigne de vos bontés. Hélas ! je vous aurais donc trompée ; il ne serait pas vrai que j’aurais le caractère que vous me croyez ; et je n’ai que le parti que je prends pour montrer que vous n’avez pas eu tort de le croire M. de Climal, par sa piété, m’a laissé quelque chose pour vivre ; et ce qu’il y a suffit pour une fille qui n’est rien, qui, en vous quittant, quitte tout ce qui l’attachait, et tout ce qui pourrait l’attacher ; qui, après cela, ne se soucie plus de rien, ne regrette plus rien, et qui va pour toute sa vie se renfermer dans un couvent, où il n’y a qu’à donner ordre que je ne voie personne, à l’exception de madame, qui est comme ma mère, et dont je supplie qu’on ne me prive pas tout d’un coup, si elle veut me voir quelquefois. Voilà tous mes desseins, à moins que Monseigneur, pour être encore plus sûr de moi, ne m’exile loin d’ici, suivant l’intention qu’il en a eu d’abord.

Un torrent de pleurs termina mon discours. Valville, pâle et abattu, paraissait prêt à se trouver mal ; et Mme de Miran allait, ce me semble, me répondre, quand le ministre la prévint, et se retournant avec une action animée vers les parentes :

Mesdames, leur dit-il, savez-vous quelque réponse à ce que nous venons d’entendre ? Pour moi, je n’y en sais point, et je vous déclare que je ne m’en mêle plus. À quoi voulez-vous qu’on remédie ? À