Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/465

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Au lieu de lui répondre, je m’avançai vers ma mère, dont je voulus aussi embrasser les genoux, et qui m’en empêcha ; mais je pris sa main que je baisai, et sur, laquelle je répandis des larmes de joie.

La parente farouche sortit avec colère, et dit à deux dames en s’en allant : Ne venez-vous pas ?

Là-dessus elles se levèrent, mais plus par complaisance pour elle que par inimitié pour moi ; on voyait bien qu’elles n’approuvaient pas son emportement, et qu’elles ne la suivaient que dans la crainte de la fâcher. Une d’elles dit même tout bas à Mme de Miran : Elle nous a amenées, et elle ne nous le pardonnerait pas si nous restions.

Valville, à qui le cœur était revenu, ne la regardait plus qu’en riant, et se vengeait ainsi du peu de succès de son entreprise. Votre carrosse est-il là-bas ? lui dit-il ; voulez-vous que nous vous ramenions, madame ? Laissez-moi, lui dit-elle, vous me faites pitié d’être si content.

Elle salua ensuite Mme de…, ne jeta pas les yeux sur ma mère, qui la saluait, et partit avec les deux dames dont je viens de parler.

Aussitôt le reste de la compagnie se rassembla autour de moi, et il n’y eut personne qui ne me dît quelque chose d’obligeant.

Mon Dieu ! que je me reproche d’avoir trempé dans cette intrigue-ci, dit Mme de… ma mère ! Que je leur sais mauvais gré de m’avoir persécutée pour y entrer ! On ne peut pas avoir plus de tort que nous en avions ; n’est-il pas vrai, mesdames ?