Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/471

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heureusement nous ne fûmes exposés ni l’un ni l’autre au désagrément que j’imaginais ; et je goûtai tout à mon aise le plaisir de me trouver chez ma mère, et d’y être comme si j’avais été chez moi.

Ah çà ! ma fille, me dit-elle, viens que je t’embrasse à présent que nous sommes sans critiques ; tout ceci a tourné on ne peut pas mieux ; on se doute de nos desseins, on les prévoit, on n’a pas même paru les désapprouver ; le ministre t’a rendu ta parole en te remettant entre mes mains ; et grâce au ciel, on ne sera plus surpris de rien. Tu m’as dit tantôt les choses du monde les plus tendres, ma chère enfant ; mais franchement, je les mérite bien pour tout le chagrin que tu m’as causé ; tu en as eu beaucoup aussi, n’est-il pas vrai ? As-tu songé à celui que j’aurais ? Que pensais-tu de ta mère ?

Elle me tenait ce discours, assise dans un fauteuil ; j’étais vis-à-vis d’elle, et me laissant aller à une saillie de reconnaissance, je me jetai tout d’un coup à ses genoux. Et puis la regardant après lui avoir baisé la main : ma mère, lui dis-je, voilà M. de Valville ; il m’est bien cher, et ce n’est plus un secret, je l’ai publié devant tout le monde ; mais il ne m’empêchera