Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/475

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vous point ? Y regretterez-vous votre couvent ? me dit-elle en riant.

Je me mis à pleurer là-dessus de pur ravissement, et me jetant entre ses bras ; Ah ! ma mère, lui repartis-je d’un ton pénétré, quelles délices pour moi ! Songez-vous que cet appartement-ci me conduira dans le vôtre.

À peine achevais-je ces mots, qu’un coup de sifflet nous avertit qu’il venait une visite.

Ah ! mon Dieu, s’écria Mme de Miran, que je suis fâchée ! J’allais sonner pour donner ordre de dire que je n’y étais pas ; retournons chez moi. Nous nous y rendîmes.

Un laquais entra, qui nous annonça deux dames que je ne connaissais pas, qui n’avaient point entendu parler de moi non plus ; qui me regardèrent beaucoup, me prirent peut-être pour une parente de la maison, et venaient rendre elles-mêmes une de ces visites indifférentes, qui, entre femmes, n’aboutissent qu’à se voir une demi-heure, qu’à se dire quelques bagatelles ennuyantes, et qu’à se laisser là sans se soucier les unes des autres.

Je remarquerai, pour vous amuser seulement (et je n’écris que pour cela), que, de ces deux dames, il y en eut une qui parla fort peu, ne prit presque point de part à ce que l’on disait, ne fit que remuer la tête pour en varier les attitudes, et les rendre avantageuses, enfin, qui ne songea qu’à elle et à ses grâces ; et il est vrai qu’elle en aurait eu quelques-unes si elle s’était moins occupée de la vanité d’en