Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/485

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ainsi dire, et se mettant à genoux devant elle, tâcha de lui faire respirer de cette liqueur qui était dans le flacon, et lui en versa dans la bouche ; ce qui, joint aux mouvements que nous lui donnions, fit qu’elle entrouvrit les yeux, et les promena languissamment sur Valville, qui lui dit avec je ne sais quel ton tendre ou affectueux que je trouvai singulier : Allons, mademoiselle, prenez-en, respirez-en encore.

Et lui-même, par un geste sans doute involontaire, lui prit une de ses mains qu’il pressait dans les siennes. Je la lui ôtai sur-le-champ, sans savoir pourquoi.

Doucement, monsieur, lui dis-je, il ne faut pas l’agiter tant. Il ne m’écouta pas, mais tout cela ne paraissait, de part et d’autre, que l’effet d’un empressement secourable pour la demoiselle ; et il se disposait encore à lui faire respirer de cet élixir, quand la jeune personne, en soupirant, ouvrit tout à fait les yeux, souleva sa main que je tenais, et la laissa retomber sur le bras de Valville, qui la prit, et qui était toujours à genoux devant elle.

Ah l mon Dieu, dit-elle, où suis-je ? Valville gardait cette main, la serrait, ce me semble, et ne se relevait pas.

La demoiselle, achevant enfin de reprendre ses