Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/484

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vit plus, qu’on n’eût dit ; Elle est morte. Je ne puis vous représenter l’impression qu’elle faisait, qu’en vous priant de distinguer ces deux façons de parler, qui paraissent signifier la même chose, et qui dans le sentiment pourtant en signifient de différentes. Cette expression, elle ne vit plus, ne lui ôtait que la vie, et ne lui donnait pas les laideurs de la mort.

Enfin avec ce corps délacé, avec cette belle tête penchée, avec ces traits, dont on regrettait les grâces qui y étaient encore, quoiqu’on, s’imaginât ne les y voir plus, avec ces beaux yeux fermés, je ne sache point d’objet plus intéressant qu’elle l’était, ni de situation plus propre à remuer le cœur que celle où elle se trouvait alors.

Valville était derrière nous, qui avait la vue fixée sur elle ; je le regardai plusieurs fois, et il ne s’en aperçut point. J’en fus un peu étonnée, mais je n’allai pas plus loin, et n’en inférai rien.

Mme de Miran cherchait dans sa poche un flacon plein d’une eau souveraine en pareils accidents, et elle l’avait oublié chez elle.

Valville, qui en avait un pareil au sien, s’approcha tout d’un coup avec vivacité, nous écarta tous, pour