Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/487

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Tant d’empressement de sa part n’était pas de mon goût, mais de dire pourquoi je le désapprouvais, c’est ce que je n’aurais pu faire ; je ne serais pas même convenue qu’il me déplaisait ; je pense que ce petit dépit que j’en avais me faisait agir sans que je le connusse ; comment en aurais-je connu les motifs ? Et suivant toute apparence, Valville y entendait aussi peu de finesse que moi.

Il fallait bien cependant qu’il se passât quelque chose d’extraordinaire en lui ; car vous avez vu la brusquerie avec laquelle je lui avais parlé deux ou trois fois ; et il ne l’avait pas remarqué ; il n’en fut point surpris, comme il n’aurait pas manqué de l’être dans un autre temps ; ou bien il la souffrit en homme qui la méritait, qui se rendait justice à son insu, et qui était coupable dans le fond de son cœur ; aussi l’était-il, mais il l’ignorait. Poursuivons.

Les religieuses attendaient toujours que la demoiselle entrât. Elle nous remercia, Mme de Miran et moi, de fort bonne grâce, mais d’un air modeste, du service que nous venions de lui rendre. Je m’imaginai la voir un peu plus embarrassée dans le compliment qu’elle fit à Valville, et elle baissa les yeux en lui parlant. Allons, ma mère, ajouta-t-elle ensuite, c’est demain le jour de votre départ ; vous n’avez pas de temps à perdre, et il est temps que j’entre. Là-dessus elles s’embrassèrent, non sans verser encore beaucoup de pleurs.

J’ai supprimé toutes les politesses que Mme de Miran et la dame étrangère s’étaient faites. Cette dernière