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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/488

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lui avait même conté en peu de mots les raisons qui l’obligeaient à laisser la jeune personne dans le couvent.

Ma fille, me dit ma mère en les voyant s’embrasser pour la dernière fois, puisque vous allez avoir l’honneur d’être la compagne de mademoiselle, tâchez de gagner son amitié et n’oubliez rien de ce qui pourra contribuer à la consoler.

Voilà bien de la bonté, madame, repartit aussitôt la dame étrangère, je prendrai donc à mon tour la liberté de vous la recommander à vous-même. À quoi Mme de Miran répondit qu’elle demandait aussi la permission de la faire venir chez elle, quand elle m’enverrait chercher ; ce qui fut reçu, de la part de l’autre, avec tous les témoignages possibles de reconnaissance.

Ces deux dames se connaissaient de nom, et par là savaient les égards qu’elles se devaient l’une à l’autre.

Atout cela Valville ne disait mot, et regardait seulement la demoiselle, sur qui, contre son ordinaire, je lui trouvais les yeux plus souvent que sur moi ; ce que j’attribuais, sans en être contente, à un pur mouvement de curiosité.

Le moyen de le soupçonner d’autre chose, lui qui m’aimait tant, qui venait dans la même journée de m’en donner de si grandes preuves ; lui que j’aimais tant moi-même, à qui je l’avais tant dit, et qui était si charmé d’en être sûr ! Hélas, sûr ! Peut-être ne l’était-il que trop. On ne le croirait pas ;