Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/495

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elle se porta mieux, et ce petit dérangement de santé auquel j’avais été si sensible, ne servit qu’à lui prouver ma tendresse, et à redoubler la sienne, que l’état où je tombai moi-même mit bientôt à une plus forte épreuve.

Elle venait de se lever l’après-midi, quand, voulant aller prendre mon ouvrage qui était sur sa table, je fus surprise d’un étourdissement qui me força d’appeler à mon secours.

Il n’y avait dans sa chambre, qu’elle, et cette religieuse que j’aimais et qui m’aimait. Mlle Varthon fut la plus prompte, et accourut à moi.

Mon étourdissement se passa, et je m’assis ; mais de temps en temps il recommençait. Je me sentis même une assez grande difficulté de respirer, enfin des pesanteurs, et un accablement total.

La religieuse me tâta le pouls, parut inquiète, ne me dit rien qui m’alarmât, mais me conseilla d’aller me mettre au lit, et sur-le-champ, Mlle Varthon et elle me menèrent chez moi. Je voulais tenir bon contre le mal, et me persuader que ce n’était rien ; mais il n’y eut pas moyen de résister, je n’en pouvais plus, il fallut me coucher, et je les priai de me laisser.

À peine sortaient-elles de ma chambre, qu’on m’apporta un billet de Mme de Miran, qui n’était que de deux lignes :

« Je n’ai pu te voir ces deux jours-ci, n’en sois point inquiète, ma fille ; j’irai demain te prendre à midi. »