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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/496

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N’y a-t-il que celui-là, ma sœur ? dis-je, après l’avoir lu, à la converse qui me l’avait apporté. C’est que je croyais que Valville aurait pu m’écrire aussi, et qu’assurément il n’avait tenu qu’à lui ; mais il n’y avait rien de sa part.

Non, répondit cette fille à la question que je lui faisais ; c’est tout ce que vient de remettre à la tourière un laquais qui attend. Avez-vous quelque chose à lui faire dire, mademoiselle ?

Apportez-moi, je vous prie, une plume et du papier, lui dis-je. Et voici ce que je répondis, tout accablée que j’étais :

« Je rends mille grâces à ma mère de la bonté qu’elle a de me donner de ses nouvelles ; j’avais besoin d’en recevoir ; je viens de me coucher, je suis un peu indisposée ; j’espère que ce ne sera rien, et que demain je serai prête. J’embrasse les genoux de ma mère. »

Je n’aurais pu en écrire davantage, quand je l’aurais voulu, et deux heures après, j’avais une fièvre si ardente que la tête s’embarrassa. Cette fièvre fut suivie d’un redoublement, qui, joint à d’autres accidents compliqués, fit désespérer de ma vie.

J’eus le transport au cerveau ; je ne reconnus plus personne, ni Mlle Varthon, ni mon amie la religieuse, pas même ma mère, qui eut la permission d’entrer, et que je ne distinguai des autres que par l’extrême attention avec laquelle je la regardai sans lui rien dire.

Je restai à peu près dans le même état quatre jours