Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/498

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m’étais trouvée, et elle s’abstint d’entrer dès qu’il fut passé. Mais j’omets une chose.

C’est que le lendemain du jour où je reconnus ma mère, je fis réflexion que je pouvais redevenir tout aussi malade que je l’avais été, et que je n’en réchapperais peut-être pas.

Je songeai ensuite à ce contrat de rente que m’avait laissé M. de Climal. À qui appartiendrait-il, si je mourais ? me disais-je. Il serait sans doute perdu pour la famille, et la justice aussi bien que la reconnaissance veulent que je lui rende.

Pendant que cette pensée m’occupait, il n’y avait qu’une sœur converse dans ma chambre. Mlle Varthon, qui ne me quittait presque pas, n’était point encore venue, et peut-être pas levée. Les religieuses étaient au chœur, et je me voyais libre.

Ma sœur, dis-je à cette converse, on a désespéré de ma vie ces jours passés ; ma fièvre est de beaucoup diminuée, mais il n’est point sûr qu’elle ne me reprenne pas avec la même violence. À tout hasard, faites-moi le plaisir de me soulever un peu, et de m’apporter de quoi écrire deux lignes qu’il est absolument nécessaire que j’écrive :

Eh ! Jésus Maria ! à quoi est-ce que vous allez rêver, mademoiselle ? me dit cette converse. Vous me faites peur, il semble que vous vouliez faire votre testament. Savez-vous bien que vous offensez Dieu d’aller vous mettre ces choses-là dans l’esprit, au lieu de le remercier de la grâce qu’il vous fait d’être mieux que vous n’étiez ? Eh ! ma chère sœur, ne me refusez