Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/497

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entiers, pendant lesquels je ne sus ni où j’étais, ni qui me parlait ; on m’avait saignée, je n’en savais rien. La fièvre baissa le cinquième ; les accidents diminuèrent, la raison me revint, et le premier signe que j’en donnai, c’est qu’en voyant Mme de Miran, qui était au chevet de mon lit, je m’écriai : Ah ! ma mère !

Et comme alors elle avançait sa main, dans l’intention de me faire une caresse, je tirai le bras hors du lit pour la lui saisir, et la portai à ma bouche, que je tins longtemps collée dessus.

Mlle Varthon et quelques religieuses étaient autour de mon lit ; la première paraissait extrêmement triste.

J’ai donc été bien mal ? leur dis-je d’une voix faible et presque éteinte, et je vous ai sans doute causé bien de la peine. Oui, ma fille, me répondit Mme de Miran ; il n’y a personne ici qui ne vous ait donné des témoignages de son bon cœur ; mais, grâce au ciel, vous ; voilà réchappée.

Mlle Varthon s’approcha, me serra avec amitié le bras que j’avais hors du lit, et me dit quelque chose de tendre, à quoi je ne répondis que par un souris et par un regard qui lui marquait ma reconnaissance. Deux jours après, je fus entièrement hors de danger, et je n’avais plus de fièvre ; il me restait seulement une grande faiblesse qui dura longtemps. Mme de Miran n’avait eu la permission de me voir qu’en conséquence de l’extrême péril où je