Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/508

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à recevoir de ses nouvelles, qu’il ne m’a pas écrit le moindre petit mot, lui qui m’aimait tant, pas un billet ? Cela est-il naturel ? Que veut-il que j’en pense, et que penseriez-vous à ma place ? je m’arrêtai là-dessus un moment, Mlle Varthon aussi ; mais elle me laissait toujours un peu derrière elle, restait muette, et ne retournait pas la tête.

Pas une lettre ! répétai-je, lui qui m’en a tant prodigué dans des occasions moins pressantes, encore une fois, le croiriez-vous ? Est-ce que sa tendresse diminue ? est-il inconstant ? est-ce que je perds son cœur, au lieu de la vie que j’aimerais mieux avoir perdue ? Mon Dieu, que je suis agitée ! Mais, dites-moi, mademoiselle, il me vient une chose dans l’esprit, ne serait-il pas malade ? Mme de Miran qui sait que je l’aime, ne me le cacherait-elle point ? Elle m’aime beaucoup aussi, elle peut avoir peur de m’affliger. N’auriez-vous pas la même bonté qu’elle ? Cette visite que vous dites avoir reçue de M. de Valville, ne vous aurait-on pas engagée à la feindre, pour m’empêcher de soupçonner la vérité ? Car il me paraît impossible qu’il soit si négligent, et je vous assure que je serai moins affligée de le savoir malade. Il est jeune, il en reviendra, mademoiselle ;