Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/509

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au lieu que s’il était inconstant, il n’y aurait plus de remède ; ainsi ce dernier motif d’inquiétude est pour moi bien plus cruel que l’autre. Avouez-moi donc sa maladie, je vous en conjure, vous me tranquilliserez ; avouez-la de grâce, je serai discrète. Elle se taisait.

Alors, impatientée de son silence, je l’arrêtai par le bras, et me mis vis-à-vis d’elle pour l’obliger à me parler.

Mais jugez de mon étonnement quand, pour toute réponse, je n’entendis que des soupirs, et que je ne vis qu’un visage baigné de pleurs.

Ah ! Seigneur ! m’écriai-je en pâlissant moi-même ; vous pleurez, mademoiselle, qu’est-ce que cela signifie ? Et je lui demandais ce que mon cœur devinait déjà ; oui, j’en eus tout d’un coup un pressentiment. J’ouvris les yeux ; tout ce qui s’était passé pendant son évanouissement me revint dans l’esprit, et m’éclaira.

Nous étions alors près d’un fauteuil, dans lequel elle se jeta ; je me mis auprès d’elle, et je pleurais aussi.