Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/56

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ma main, l’approcher de sa bouche en badinant, je n’admirais là-dedans que la rapidité de son inclination pour moi, et cela me touchait plus que tous ses bienfaits ; car, à l’âge où j’étais, quand on n’a point encore souffert, on ne sait point trop l’avantage qu’il y a d’être dépourvue de tout.

Peut-être devrais-je passer tout ce que je vous dis là ; mais je vais comme je puis, je n’ai garde de songer que je vous fais un livre, cela me jetterait dans un travail d’esprit dont je ne sortirais pas ; je m’imagine que je vous parle, et tout passe dans la conversation. Continuons-la donc.

Dans ce temps, on se coiffait en cheveux, et jamais créature ne les a eus plus beaux que moi ; cinquante ans que