Aller au contenu

Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

celui où l’on est fourbe et de mauvaise foi par avarice. N’êtes-vous pas de mon sentiment ?

Pour moi, j’avais le caractère trop vrai pour me conduire de cette manière-là ; je ne voulais ni faire le mal, ni sembler le promettre : je haïssais la fourberie de quelque espèce qu’elle fût, surtout celle-ci, dont le motif était d’une bassesse qui me faisait horreur.

Ainsi je secouai la tête à tous les discours de Mme Dutour, qui voulait me convertir là-dessus pour son avantage et pour le mien. De son côté, elle aurait été bien aise que ma pension eût duré longtemps, et que nous eussions fait quelques petits cadeaux ensemble de l’argent de M. de Climal : c’était ainsi qu’elle s’en expliquait en riant ; car la bonne femme était gourmande et intéressée, et moi je n’étais ni l’un ni l’autre.

Quand nous eûmes dîné, mon habit et mon linge furent donnés aux ouvrières, et la Dutour leur recommanda beaucoup de diligence. Elle espérait sans doute qu’en me voyant brave (c’était son terme), je serais tentée de laisser durer plus longtemps mon aventure avec M. de Climal ; et il est vrai que, du côté de la