Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/146

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il va voir plus souvent que de coutume ; comme il était vrai.

J’oublie de remarquer que ce neveu, après m’avoir fait le compliment que je vous ai dit sur mon mariage, dont il ne me parla plus, m’avait prié de ne dire à personne qu’il en fût informé, et que je lui en avais donné ma parole ; de sorte que je n’en avertis ni le baron ni Mme de Sainte-Hermières.

Vous observerez aussi que, pendant le temps que j’étais comme brouillée avec cette dame, il. ne m’avait jamais, dans nos conversations, paru faire grand cas de sa piété ; non qu’il se fût expliqué là-dessus d’une manière ouverte ; je n’avais démêlé ce que je dis là que par ses mines, par de certains souris, et que par son silence, quand je lui montrais mon estime ou ma vénération pour cette veuve, que je blâmais d’ailleurs du motif de son refroidissement pour moi.

Quoi qu’il en soit, cet abbé, dont la tranquillité m’avait semblé si fausse, s’en alla chez Mme de Sainte-Hermières en me quittant, dîna chez elle, et dans le cours de sa visite, eut des façons, lui fit des discours qui la surprirent, à ce qu’elle me confia le lendemain.

Croiriez-vous, madame, lui avait-il dit, que ce qui m’a le plus coûté dans l’état ecclésiastique, où vous m’avez vu, ait été de surmonter une violente inclination que j’avais ? Je puis l’avouer, à présent que mon penchant n’a plus rien de répréhensible, et que la personne pour qui je le sens peut me faire la grâce de recevoir mon cœur et ma main.