Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/208

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voilà qui est fini, vous êtes à moi, et je souhaite que vous vous en trouviez bien.

Ce n’est pas de moi dont je suis en peine, repartit Brunon avec son air modeste. Elle me suivit ensuite, et en sortant nous entendîmes ma tante qui disait à Mme Dorfrainville Cette femme-là a été belle comme un ange.

Je regardai Brunon là-dessus, et je me mis à rire : Trouvez-vous ce petit discours d’assez bon augure ? lui dis-je ; voilà déjà son fils à demi justifié.

Oui, mademoiselle, me répondit-elle en me serrant la main, ceci commence bien ; il semble que le ciel bénisse le parti que vous m’avez fait prendre.

Nous restâmes un demi-quart d’heure ensemble ; je n’étais sortie avec elle que pour l’instruire en effet d’une quantité de petits soins dont je savais tout le mérite, et que je lui recommandai. Elle m’écouta transportée de reconnaissance, et se récriant à chaque instant sur les obligations qu’elle m’avait ; il était impossible de les sentir plus vivement ni de les exprimer mieux ; son cœur s’épanouissait, ce n’était plus que des transports de joie qui finissaient toujours par des caresses pour moi.

Les gens de la maison allaient et venaient ; il ne convenait pas qu’on nous vît dans un entretien si réglé ; et je la quittai, après lui avoir dit ses fonctions, et l’avoir même sur-le-champ mise en exercice. Elle avait de l’esprit, elle sentait l’importance du rôle qu’elle jouait ; je continuais de lui donner des avis qui la guidaient sur une infinité de petites choses essentielles.