Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/207

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madame vous retient, et je ne saurais vous donner une plus grande preuve de mon amitié qu’en vous plaçant auprès d’elle : je l’ai bien assurée qu’elle serait contente de vous, et je ne crains pas de l’avoir trompée.

Je n’ose encore répondre que de mon zèle et des efforts que je ferai pour plaire à madame, répondit la fausse Brunon. Et il faut avouer qu’elle tint ce discours de la manière du monde la plus, engageante. Je ne m’étonnai point que Dursan le fils l’eût tant aimée, et je n’aurais pas été surprise qu’alors même on eût pris de l’inclination pour elle.

Aussi Mme Dursan la mère se sentit-elle prévenue pour elle. Je crois, dit-elle à Mme Dorfrainville, que je ne hasarde rien à vous remercier d’avance ; Brunon me revient tout à fait, j’en ai la meilleure opinion du monde, et je serais fort trompée moi-même si je n’achève pas ma vie avec elle. Je ne fais point de marché, Brunon ; vous n’avez qu’à vous en fier à moi là-dessus : on me dit que je serai contente de vous, et vous le serez de moi. Mais n’avez-vous rien apporté avec vous ? C’est à côté de moi que je vous loge, et je vais dire à une de mes femmes qu’elle vous mène à votre chambre.

Non, non, ma tante, lui dis-je au moment qu’elle allait sonner ; je suis bien aise de la mettre au fait ; n’appelez personne ; je vais prendre quelque chose dans ma chambre, et je lui montrerai la sienne en passant. Elle a laissé deux cassettes chez moi que je lui enverrai tantôt, dit Mme Dorfrainville. Je vous en prie, répondit ma tante. Allez, Brunon,