Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/211

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n’est plus ma faute si vous n’êtes pas tranquille. Mais laissons là cette opinion que vous avez d’une mort prochaine ; tout infirme et tout affaibli que vous êtes, votre santé se rétablira dès que vos inquiétudes cesseront. Ouvrez d’avance Votre cœur à la joie. Dans les dispositions où je vois ma tante pour Mme Dursan, je la défie de vous refuser votre grâce quand nous lui avouerons tout, et cet aveu ne tient plus à rien ; nous le ferons peut-être demain, peut-être ce soir ; il n’y à pas d’heure à présent dans la journée qui ne puisse en amener l’instant. Ainsi soyez en repos, tous vos malheurs sont passés. Il faut que je me retire, je ne puis disparaître pour longtemps ; mais Mme Dursan va venir ici, qui vous confirmera les espérances que je vous donne, et qui pourra vous dire aussi combien vous m’êtes chers tous trois.

Ces dernières paroles m’échappèrent, et me firent rougir, à cause du fils qui était présent, et sans qui, peut-être, je n’aurais rien dit des deux autres, s’il n’avait pas été le troisième.

Aussi ce jeune homme, tout plongé qu’il était dans la tristesse, se baissa-t-il subitement sur ma main, qu’il prit et qu’il baisa avec un transport où il entrait plus que de la reconnaissance, quoiqu’elle en fût le prétexte ; et il fallut bien aussi n’y voir que ce qu’il disait.

Je me levai cependant, en retirant ma main d’un air embarrassé. Le père voulut par honnêteté se lever aussi pour me dire adieu ; mais soit que le sujet de notre entretien l’eût trop remué, soit qu’avec la difficulté