Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/230

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Qu’on ait la bonté de me laisser seule une demi-heure, nous dit-elle ; et nous nous retirâmes.

Tout ceci s’était passé entre nous trois ; Mme Dursan et son fils n’y avaient point été présents ; mais ma tante les envoya chercher, quand elle nous eut fait rappeler Mme Dorfrainville et moi.

Nous jugeâmes qu’elle venait d’écrire ; elle avait encore une écritoire et du papier sur son lit, et elle tenait d’une main le papier cacheté que je lui avais donné.

Voici, dit-elle à Mme Dursan, le testament que j’avais fait en faveur de ma nièce ; mon dessein, depuis le retour de mon fils, a été de le supprimer ; mais il y a quatre jours qu’elle m’en sollicite à tout instant, et je vous le remets, afin que vous y voyiez vous-même que je lui laissais tout mon bien.

Après ces mots, elle le lui donna. Prenant ensuite un second papier cacheté, qu’elle présenta à Mme Dorfrainville : Voici, poursuivit-elle, un autre écrit, dont je prie madame de vouloir bien se charger ; et quoique je ne doute pas que vous ne satisfassiez de bonne grâce aux petites dispositions que vous y trouverez, ajouta-t-elle en adressant la parole à Mme Dursan, j’ai cru devoir encore vous les recommander ; et vous dire qu’elles me sont chères, qu’elles partent de mon cœur, qu’en un mot j’y prends l’intérêt le plus tendre, et que vous ne sauriez, ni prouver mieux votre reconnaissance à mon égard, ni mieux honorer ma mémoire, qu’en exécutant fidèlement ce que j’exige de vous dans cet écrit, que je confie à Mme Dorfrainville.