Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/24

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Vous jugez bien que je fis un souper léger, et quoique ma, religieuse eût un peu ramené mon esprit, et m’eût mise en état de crie calmer moi-même, il me restait toujours un grand fond de tristesse.

Je repassais sur tous ses discours. Vous ne faites que commencer à vivre, m’avait-elle dit. Et elle a raison, me répondais-je, ceci ne décide encore de rien ; je dois me préparer à bien d’autres événements. D’autres que lui m’aimeront, il le verra, et ils lui apprendront à estimer mon cœur. Et c’est en effet ce qui arrive souvent, soit dit en passant.

Un volage est un homme qui croit vous laisser comme solitaire ; se voit-il ensuite remplacé par d’autres, ce n’est plus là son compte ; il ne l’entendait pas ainsi, c’est un accident qu’il n’avait pas prévu ; il dirait volontiers ; est-ce bien elle ? Il ne savait pas que vous aviez tant de charmes. De nouvelles idées succédaient à celles-là. Faut-il que le plus aimable de tous les hommes ; oui, le plus aimable, le plus tendre, on a beau dire, je n’en trouverai point comme lui, faut-il que je le perde ? Ah ! Monsieur de Valville, les grâces de Mlle Varthon ne vous justifieront pas, et j’aurai peut-être autant de partisans qu’elle. Là-dessus je pleurai, et je me couchai.

Parmi tant de pensées qui me roulaient dans la tête, il y en eut une qui me fixa.