Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/262

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Autre peine inutile ; ma mère n’avait pas reparu. On lui avait dit la première fois que le marquis ne serait de retour que dans trois semaines ou un mois ; et sans doute elle attendait que ce temps-là fût passé pour se remontrer. Ce fut du moins ce qu’en pensa Mme Darcire, qui me le persuada aussi.

Tout affligée que j’étais de voir toujours se prolonger mes inquiétudes, je m’avisai de songer que nous étions dans le quartier de Mme Darneuil, de cette dame de la voiture, dont l’adresse était chez le marquis de Viry, avec qui, comme vous savez, je m’étais liée d’une amitié assez tendre, et à qui d’ailleurs j’avais promis de donner de mes nouvelles.

Je proposai donc à Mme Darcire d’aller la voir, puisque nous étions si près de la rue Saint-Louis ; elle y consentit, et la première maison à laquelle nous nous arrêtâmes pour demander celle du marquis de Viry, était attenant la sienne. C’est la porte d’après, nous dit-on, et un des gens de Mme Darcire y frappa sur-le-champ.

Personne ne venait, on redoubla, et après un intervalle de temps assez considérable, parut un très vieux domestique à longs cheveux blancs, qui, sans attendre qu’on lui fît de question, nous dit d’abord que M. de Viry était à Versailles avec madame.

Ce n’est pas à lui que nous en voulons, lui répondis-je ; c’est à Mme Darneuil. Ah ! Mme Darneuil, elle ne loge pas ici, reprit-il. Mais n’êtes-vous pas des dames nouvellement arrivées de province ?