Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/261

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mère, et je comptais sur sa tendresse à cause de son malheur.

Malgré toutes les informations que nous fîmes, Mme Darcire et moi, nous avions déjà passé dix ou douze jours à Paris sans avoir pu découvrir où elle était, et j’en mourais d’impatience et de chagrin. Partout où nous allions, nous parlions d’elle ; bien des gens la connaissaient ; tout le monde savait quelque chose de ce qui lui était arrivé, les uns plus, les autres moins ; mais comme je ne déguisais point que j’étais sa fille, que je me produisais sous ce nom-là, je m’apercevais bien qu’on me ménageait, qu’on ne me disait pas tout ce qu’on savait, et le peu que j’en apprenais signifiait toujours qu’elle n’était pas à son aise.

Excédée enfin de l’inutilité de mes efforts pour la trouver, nous retournâmes au bout de douze jours, Mme Darcire et moi, à la place Royale, dans l’espérance que ma mère y serait revenue elle-même, qu’on lui aurait dit que deux dames étaient venues l’y demander, et qu’en conséquence elle aurait bien pu laisser son adresse, afin qu’on la leur donnât, si elles revenaient la chercher.