Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/266

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À ce discours, cette femme qui est un peu rétablie, mais encore trop faible pour sortir et pour déloger ainsi à la hâte, l’a prié d’attendre quelques jours, lui a dit qu’il ne s’inquiétât point, qu’elle le payerait incessamment, qu’elle avait même intention de le récompenser de tous ses soins, et que, dans une semaine au plus tard, elle l’enverrait porter un billet chez une personne de chez qui il ne reviendrait point sans avoir de l’argent ; qu’il ne s’agissait que d’un peu de patience ; qu’à l’égard des gages, elle n’en avait point à lui laisser qu’un peu de linge et quelques habits dont il ne ferait rien, et qui lui étaient absolument nécessaires ; qu’au surplus, s’il la connaissait, il verrait bien qu’elle n’était point femme à le tromper.

Je vous rapporte ce discours tel qu’elle le lui a répété devant moi lorsque je suis arrivée ; mais il l’avait déjà forcée de sortir de sa chambre, et, de fermer une cassette qu’il voulait retenir pour nantissement ; de sorte que la querelle alors se passait dans une salle où ils étaient descendus, et où cet homme et sa fille criaient à toute voix contre cette femme qui résistait à s’en aller. Le bruit, ou plutôt le vacarme qu’ils faisaient avait déjà amassé bien du monde, dont une partie était même entrée dans cette salle. Je revenais alors de chez une de mes amies qui demeure ici près ; et comme c’est de moi que cet homme tient la maison qu’il occupe, et qui m’appartient, je me suis arrêtée un moment en passant pour savoir d’où venait ce bruit. Cet homme m’a vue, m’a priée d’entrer,