Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/271

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Et puis se retournant de mon côté : Ne serait-ce pas cette personne pour qui nous nous intéressons, me dit-elle, et à qui il arriva cette triste aventure de l’autre jour ?

C’est elle-même, repartit sur-le-champ la femme de chambre, sans me donner le temps de répondre ; je vois bien que vous parlez d’une querelle qu’elle eut avec l’aubergiste qui voulait qu’elle sortît de chez lui.

Voilà ce que c’est, reprit Mme Darcire ; et puisque vous savez qui elle est, par quel accident se trouve-t-elle exposée à de si étranges extrémités ? Nous avons jugé, par tout ce qu’on nous en a dit, que ce doit être une femme de quelque chose.

Vous ne vous trompez pas, madame, lui répondit-elle ; elle n’est pas faite pour essuyer de pareils affronts, il s’en faut bien ; aussi en est-elle retombée malade. Je suis d’avis que nous allions la voir, si cela ne lui fait pas de peine, dit Mme Darcire ; montons-y, ma fille (c’était à moi à qui elle adressait la parole).

Vous le pouvez, mesdames, reprit cette femme, pourvu que vous vouliez bien d’abord me laisser entrer toute seule, afin que je la prévienne sur votre visite, et que je sache si vous ne la mortifierez pas ; il se pourrait qu’elle vous fit prier de lui épargner cette confusion-là

Non, non, dit Mme Darcire, qui était peut-être curieuse, mais qui assurément l’était encore moins que sensible ; non, nous ne risquons point de la chagriner :