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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/282

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être jamais été si j’avais toujours vécu avec elle. Ah ! Tervire, ah ! ma fille, me disait-elle, que tes transports me rendent coupable !

Cependant cette joie que nous avions, elle et moi, de nous revoir ensemble, nous la payâmes toutes deux bien cher. Soit que la force des mouvements qu’elle avait éprouvés eussent fait une trop grande révolution en elle, soit que sa fièvre et ses chagrins l’eussent déjà trop affaiblie, on s’aperçut quelques jours après d’une paralysie qui lui tenait tout le côté droit, qui gagna bientôt l’autre côté, et qui lui resta jusqu’à la fin de sa vie.

Je parlai ce jour-là même de la transporter dans notre hôtel ; mais sa fièvre qui avait augmenté, jointe à son extrême faiblesse, ne le permirent pas, et un médecin que j’envoyai chercher nous en empêcha.

Je n’y vis point d’autre équivalent que de loger avec elle et de ne la point quitter, et je priai la femme de chambre, qui était encore avec nous, d’appeler l’aubergiste pour lui demander une chambre à côté de la sienne ; mais ma mère m’assura qu’il n’y en avait point chez lui qui ne fût occupée. Je me ferai donc mettre un lit dans la vôtre, lui dis-je. Non, me répondit-elle, cela n’est pas possible ; non, et c’est à quoi il ne faut pas songer ; celle-ci est trop petite, comme vous voyez. Gardez-moi votre santé, ma fille,