Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/289

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les vendre pour subvenir aux extrémités pressantes où elle se trouva dans la suite ; car cette pension, dont elle avait prié qu’on lui avançât deux quartiers, et sur laquelle elle ne reçut tout au plus que le tiers de la somme, continua toujours d’être si mal payée qu’il fallut à la fin quitter son appartement, et passer successivement de chambres en chambres garnies, suivant son plus ou moins d’exactitude à satisfaire les gens de qui elle les louait.

Ce fut dans le temps de ces tristes et fréquents changements de lieux, qu’elle se défit de cette fidèle femme de chambre que rien de tout cela n’avait rebutée, qui ne se sépara d’elle qu’à regret, et qu’elle plaça chez la marquise de Viry.

Ce fut aussi dans cette situation que la veuve d’un officier, à qui elle avait autrefois rendu un service important, offrit de l’emmener pour quelques mois à une petite terre qu’elle avait à vingt lieues de Paris, et où elle allait vivre.

Ma mère, qui l’y suivit, y eut une maladie, qui malgré les secours de cette veuve plus généreuse que riche, lui coûta presque tout l’argent qu’elle y avait apporté. De sorte qu’après deux mois et demi de séjour dans cette terre, et se voyant un peu rétablie, elle prit le parti de revenir à Paris pour voir son fils, et pour tirer de lui plus de neuf mois de pension qu’il lui devait, ou pour employer même contre lui les voies de justice, si la dureté de ce fils ingrat l’y forçait.

La terre de la veuve n’était qu’à un demi-quart de