Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/288

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allait vivre, ou plutôt languir. Elle le priait aussi de lui envoyer le reste des meubles qu’elle s’était réservés en entrant chez lui, et qu’elle n’avait pu faire transporter en entier le jour de sa sortie.

Son fils ne reçut la lettre que le soir à son retour d’une partie de chasse ; du moins l’assura-t-il ainsi à sa mère qu’il vint voir le lendemain, et à qui il dit que la marquise serait venue avec lui si elle n’avait pas été indisposée.

Il voulut l’engager à retourner : il ne voyait, disait-il, dans sa sortie, que l’effet d’une mauvaise humeur qui n’avait point de fondement ; il n’était question, dans tout ce qu’elle lui avait écrit, que de pures bagatelles qui ne méritaient pas d’attention ; voulait-elle passer pour la femme du monde la plus épineuse, la plus emportée, et avec qui il était impossible de vivre ? Et mille autres discours qu’il lui tint, et qui n’étaient pas propres à persuader.

Aussi ne les écouta-t-elle pas, et les combattit-elle avec une force dont il ne put se tirer qu’en traitant tout ce qu’elle lui disait d’illusions, et qu’en feignant de ne la pas entendre.

Le résultat de sa visite, après avoir bien levé les épaules et joint cent fois les mains d’étonnement, fut de lui promettre, en sortant, d’envoyer l’argent qu’elle demandait, avec tous les meubles qu’il lui fallait, qui lui appartenaient, mais qu’on lui changea en partie, et auxquels on en substitua de plus médiocres et de moindre valeur, qui par là ne furent presque d’aucune ressource pour elle, quand elle fut obligée de