Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/294

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sont bien simples et bien faciles à entendre ; tout se réduit à de l’argent qu’elle demande, et dont vous n’ignorez pas qu’elle ne saurait se passer.

Je viens de vous dire, repartit-elle, que c’est à M. le marquis qu’il faut parler, qu’il sera ici incessamment, et que ce n’est pas moi qui me mêle de l’arrangement qu’ils ont là-dessus ensemble.

Mais, madame, lui répondis-je, en tournant aussi bien qu’elle, tout cet arrangement ne consiste qu’à acquitter une pension qu’on a négligé de payer depuis près d’un an ; et vous pouvez, sans aucun inconvénient, vous mêler des embarras d’une belle-mère qui vous a aimée jusqu’à vous donner tout ce qu’elle avait.

J’ai ouï dire qu’elle tenait elle-même tout ce qu’elle nous a donné de feu M. le marquis, reprit-elle d’un ton presque moqueur ; et je ne me crois pas obligée de remercier madame votre mère de ce que son fils est l’héritier de son père.

Prenez donc garde, madame, que cette mère s’appelle aujourd’hui la vôtre aussi bien que la mienne, répondis-je, et que vous en parlez comme d’une étrangère, ou comme d’une personne à qui vous seriez fâchée d’appartenir.

Qui vous dit que j’en suis fâchée, mademoiselle ? reprit-elle, et à quoi me servirait-il de l’être ? En serait-elle moins ma belle-mère, puisque enfin elle l’est devenue, et qu’il a plu à feu M. le marquis de la donner pour mère à son fils ?

Faites-vous bien réflexion à l’étrange discours que vous tenez là, madame ? lui dis-je en la regardant