Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/30

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dessein de vous emmener dîner avec Marianne ; elle ne m’a point chargé de vous l’apprendre, mais je me suis imaginé que vous me permettriez de vous prévenir.

Ce n’était pas la peine, monsieur, lui ai-je dit ; Mme de Miran me fait beaucoup d’honneur, et je verrai le parti que j’ai à prendre, Est-ce là tout ?

Quoi ! lui demander encore si c’est là tout ! Vous ne finirez donc jamais ? dis-je à Mlle Varthon.

Eh ! mais au contraire, reprit-elle. Est-ce là tout signifiait seulement qu’il m’impatientait. Je ne le disais qu’afin d’avoir un prétexte de me sauver ; car j’appréhendais toujours son air ému ; on ne sait comment faire avec des esprits si peu maîtres d’eux. Et alors, en m’assurant qu’il allait finir, il a entamé un discours que j’ai été obligée d’écouter tout entier. C’était sa justification sur votre compte, à l’occasion de ce que je lui avais parlé de perfidie ; et vous jugez bien que ses raisons ne m’ont pas persuadée qu’il fût aussi excusable qu’il croit l’être ; mais je vous avoue que je ne l’ai pas trouvé non plus tout à fait si coupable que je le pensais.

Ah ! Seigneur ! m’écriais-je ici sans lever la tête, que j’avais toujours tenue baissée par ménagement pour elle (c’est-à-dire pour lui épargner des regards qui lui auraient dit : vous n’êtes qu’une hypocrite). Ah ! Seigneur, pas tout à fait si coupable ! Eh ! vous le méprisiez tant hier ! ajoutai-je.

Eh ! mais vraiment oui, reprit-elle ; je le méprisais ;