Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/393

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causions-nous ensemble, qu’on vint m’avertir, de la part de madame, de l’aller trouver.

Cet ordre redoubla encore ma reconnaissance pour elle ; je n’allai pas, je volai.

Me voilà, madame, lui dis-je en entrant ; je souhaiterais bien avoir assez d’esprit pour vous remercier à ma fantaisie ; mais je mourrai à votre service, si vous me le permettez. C’est une affaire finie ; je vous appartiens pour le reste de mes jours.

Voilà qui est bien, me dit-elle alors ; tu es sensible et reconnaissant, cela me fait plaisir. Ton habit te sied bien ; tu n’as plus l’air villageois. Madame, m’écriai-je, j’ai l’air de votre serviteur éternel, il n’y a que cela que j’estime.

Cette dame alors me fit approcher, examina ma parure ; j’avais un habit uni et sans livrée. Elle me demanda qui m’avait frisé, et me dit d’avoir toujours soin de mes cheveux, que je les avais beaux, et qu’elle voulait que je lui fisse honneur. Tant que vous voudrez, quoique vous en ayez de tout fait, lui dis-je ; mais n’importe, abondance ne nuit point. Notez que madame venait de se mettre à sa toilette, et que sa figure était dans un certain désordre assez piquant pour ma curiosité.

Je n’étais pas né indifférent, il s’en fallait beaucoup ; cette