Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/409

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à tout ce que je fais dans cette occurrence-ci. Quelque bonne volonté que j’aie pour les parents de Geneviève, je n’aurais pas été si loin si je n’en avais pas encore davantage pour toi et pour les tiens.

Ne parle de rien ici, les compagnes de ta maîtresse ne me laisseraient pas en repos, et voudraient toutes que je les mariasse aussi. Demande ton congé sans bruit, dis qu’on t’offre une condition meilleure et plus convenable ; Geneviève, de son côté, supposera la nécessité d’un voyage pour voir sa mère qui est âgée, et au sortir d’ici, vous vous marierez tous deux. Adieu. Point de remerciements, j’ai affaire : va seulement informer Geneviève de ce que je t’ai dit, et prends sur ma table ce petit rouleau d’argent avec quoi tu attendras dans une auberge que Geneviève soit sortie d’ici.

Je restai comme un marbre à ce discours ; d’un côté, tous les avantages qu’on me promettait étaient considérables.

Je voyais que du premier saut que je faisais à Paris, moi qui n’avais encore aucun talent, aucune avance, qui n’étais qu’un pauvre paysan, et qui me préparais à labourer ma vie pour acquérir quelque chose (et ce quelque chose, dans mes espérances éloignées, n’entrait même en aucune comparaison avec ce qu’on m’offrait), je voyais, dis-je, un établissement certain qu’on me jetait à la tête.