Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/419

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Parle, ajouta-t-elle, pourquoi dis-tu que je ne suis pas fille d’honneur ?

Eh ! mon Dieu, mademoiselle Geneviève, pardi, donnez-moi du temps ; ce n’est pas que vous ne soyez une honnête fille, il n’y a que ce petit coffre plein d’or, et vos autres brimborions d’affiquets qui me chicanent, et je crois que sans eux vous seriez encore plus honnête ; j’aimerais bien autant votre honneur comme il était ci-devant ; mais n’en parlons plus, et ne nous querellons point ; vous avez tort, ajoutai-je avec adresse : que ne m’avez-vous dit bonnement les choses ? il n’y a rien de si beau que la sincérité, et vous êtes une dissimulée : il n’y avait qu’à m’avouer votre petit fait, je n’y aurais pas regardé de si près ; car après cela on sait à quoi s’en tenir, et du moins une fille vous est obligée de prendre tout en gré ; mais vouloir me brider le nez, venir me bercer avec des contes à dormir debout, pendant que je suis le meilleur enfant du monde, ce n’est pas là la manière dont on en use. Il s’agissait de me dire : Tiens, Jacob, je ne veux point te vendre chat en poche, monsieur a couru après moi, je m’enfuyais, mais il m’a jeté de l’or, des nippes et une maison fournie de ses ustensiles à la tête, cela m’a étourdi, je me suis arrêtée, et puis j’ai ramassé l’or, les nippes et la maison ; en veux-tu ta part à cette heure ? Voilà comme on parle ; dites-moi cela, et puis vous saurez mon dernier mot.

Là-dessus les larmes de Geneviève redoublèrent ; il en vint une ondée pendant laquelle elle me serrait