Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/420

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les mains tant qu’elle pouvait, sans me répondre, et c’était l’aveu de la vérité qui s’arrêtait au passage.

À la fin pourtant, comme je la consolais en la pressant de parler : Si l’on pouvait se fier à toi, me dit-elle. Eh ! qui est-ce qui en doute ? lui dis-je. Allons, ma belle demoiselle, courage. Hélas ! me répondit-elle, c’est l’amour que j’ai pour toi qui est cause de tout.

Voilà qui est merveilleux, lui dis-je après. Sans lui, ajouta-t-elle, j’aurais méprisé tout l’or et toutes les fortunes du monde ; mais j’ai cru te fixer par la situation que monsieur voulait bien me procurer, et que tu serais bien aise de me voir riche. Et cependant je me suis trompée, tu me reproches ce que je n’ai fait que par tendresse.

Ce discours me glaça jusqu’au fond du cœur. Ce qu’elle me disait ne m’apprenait pourtant rien de nouveau ; car enfin je savais bien à quoi m’en tenir sur cette aventure, sans qu’elle m’en rendit compte ; et malgré cela, tout ce qu’elle me disait, je crus l’apprendre encore en l’entendant raconter par elle-même, j’en fus frappé comme d’une nouveauté.

J’aurais juré que je ne m’intéressais plus à Geneviève, et je crois l’avoir