Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/439

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mais il était bien matin, et d’ailleurs j’ai craint que ce ne fût une délicatesse ; et si on ne hasardait rien, on n’aurait pas grand mérite ; mais cela ne m’arrivera plus, car il est vrai que je m’incommoderais. Je crois pourtant que Dieu a béni mon petit voyage, puisqu’il a permis que j’aie rencontré ce garçon que vous voyez : l’autre est placé ; il n’y a que trois mois que celui-ci est à Paris, il m’a fait son histoire, je lui trouve de très bonnes mœurs, et c’est assurément la Providence qui nous l’adresse : il veut être sage, et notre condition lui convient ; que dites-vous de lui ? Il prévient assez, répondit l’autre ; mais nous parlerons de cela quand vous aurez mangé ; appelez Catherine, ma sœur, afin qu’elle vous apporte ce qu’il vous faut. Pour vous, mon garçon, allez dans la cuisine, vous y déjeunerez aussi.

À cet ordre, je fis la révérence, et Catherine, qu’on avait appelée, monta : on la chargea du soin de me rafraîchir.

Catherine était grande, maigre, mise blanchement, et portant sur sa mine l’air d’une dévotion revêche,