Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/452

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J’ai dit dans la première partie de ma vie que Mlle Habert la cadette m’appela pendant que sa sœur s’endormait.

Mon fils, me dit-elle, nous vous retenons ; j’y ai fait consentir ma sœur, et je lui ai répondu de votre sagesse ; car je crois que votre physionomie et vos discours ne m’ont point trompée ; ils m’ont donné de l’amitié pour vous et j’espère que vous la mériterez. Vous serez avec Catherine qui est une bonne et vertueuse fille, et qui m’a paru aussi vous voir de bon œil ; elle vous dira de quoi nous sommes convenues pour vous. Je pense que vous aurez lieu d’être content, et peut-être dans les suites le serez-vous encore davantage ; c’est moi qui vous en assure. Allez, mon fils, allez dîner ; soyez toujours aussi honnête garçon que vous le paraissez ; comptez que je vous estime, et que je n’oublierai point avec quel bon cœur vous m’avez secourue ce matin dans ma faiblesse.

Il y a des choses dont on ne peut rendre ni l’esprit ni la manière, et je ne saurais donner une idée bien complète, ni de tout ce que signifiait le discours de Mlle Habert, ni de l’air dont elle me le tint. Ce qui est de sûr, c’est que son visage, ses yeux, son