Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/453

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ton, disaient encore plus que ses paroles, ou du moins, ajoutaient beaucoup au sens naturel de ses termes ; et je crus y remarquer une bonté, une douceur affectueuse, une prévenance pour moi, qui auraient pu n’y pas être, et qui me surprirent en me rendant curieux de ce qu’elles voulaient dire.

Mais en attendant, je la remerciai presque dans le même goût, et lui répondis avec une abondance de cœur qui aurait mérité correction, si mes remarques n’avaient pas été justes ; et apparemment qu’elles l’étaient, puisque ma façon de répondre ne déplut point. Vous verrez dans les suites où cela nous conduira.

Je faisais ma révérence à Mlle Habert pour descendre dans ma cuisine, quand un ecclésiastique entra dans la chambre.

C’était le directeur ordinaire de ces dames : je dis ordinaire, parce qu’elles étaient amies de plusieurs autres ecclésiastiques qui leur rendaient visite et avec qui, par surcroît, elles s’entretenaient aussi des affaires de leur conscience.

Pour celui-ci, il en avait la direction en chef ; c’était l’arbitre de leur conduite.

Encore une fois, que tout ce que je dis là ne scandalise personne, et n’induise pas à penser que je raille indistinctement l’usage où l’on est de donner sa conscience à gouverner à ce qu’on appelle des directeurs, et de les consulter sur toutes ses actions.

Cet usage est sans doute louable et saint en lui-même, c’est bien fait de le suivre, quand on le suit