Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/461

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faisons-nous dans la vie, que combattre incessamment contre nous, que tomber, que nous relever ? Je dis dans les moindres petites choses ; et cela ne doit-il pas nous faire trembler ? Ah ! croyez-moi, n’allons point, dans l’affaire de notre salut, chercher de nouvelles difficultés à vaincre ; ne nous exposons point à de nouveaux sujets de faiblesse. Cet homme-ci est trop jeune ; vous vivriez avec lui, vous le verriez presque à tout moment ; la racine du péché est toujours en nous, et je me défie déjà (je suis obligé de vous le dire en conscience), je me défie déjà de la bonne opinion que vous avez de lui, de cette affection obstinée que vous avez déjà prise pour lui ; elle est innocente, le sera-t-elle toujours ? Encore une fois, je m’en méfie. J’ai vu Mlle Habert, ajouta-t-il en regardant la sœur cadette, n’être pas contente des sentiments que j’ai d’abord marqués là-dessus ; d’où vient cet entêtement dans son sens, cet éloignement pour mes idées, elle que je n’ai jamais vu résister un instant aux conseils que ma conscience m’a dicté pour la sûreté de la sienne ? Je n’aime point cette disposition d’esprit-là, elle m’est suspecte ; on dirait que c’est un piège que le démon lui tend ; et dans cette occurrence, je suis obligé de vous exhorter à renvoyer ce jeune homme, dont la mine, au surplus, ne me revient point autant qu’à vous ; et je me charge de vous donner un domestique de ma main, c’est un peu