Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/463

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ma sœur ; vous ferez de ce que je vous dis l’usage qu’il vous plaira ; mais vous avez l’humeur haute, et c’est de cette humeur-là dont il serait à propos que monsieur s’alarmât pour vous, et non pas de l’action que j’ai faite en amenant ici un pauvre garçon à qui j’ai peut-être obligation de la vie, et qu’on veut que j’en récompense en le chassant, après que nous lui avons toutes deux donné parole de le garder. Monsieur m’objecte qu’il n’a point de répondant ; mais ce jeune homme m’a dit qu’il en trouverait, si nous en voulions ; ainsi cette objection tombe. Quant à moi, à qui il a rendu un si grand service, je ne lui dirai point de s’en aller, ma sœur, je ne saurais.

Eh bien ! ma sœur, reprit l’aînée, je me charge, si vous me le permettez, de le congédier pour vous, sans que vous vous en mêliez, avec promesse, de ma part, de réparer mes hauteurs passées par une condescendance entière pour vos avis, quoique vous ne soyez que ma cadette ; si vous aviez eu la charité de m’avertir de mes défauts, je m’en serais peut-être corrigée avec l’aide de Dieu, et des prières de monsieur, qui ne m’a pourtant jamais reprise de cette hauteur dont vous parlez ; mais comme vous avez plus d’esprit qu’une autre, plus de pénétration, vous ne sauriez vous être trompée, et je suis bien heureuse que vous aperceviez en moi ce qui est échappé à la prudence de monsieur même.

Je ne suis pas venu ici, dit alors l’ecclésiastique en se levant d’un air dépité, pour semer la zizanie entre vous, mademoiselle ; et dès que je laisse subsister