Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/464

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les défauts de mademoiselle votre sœur, que je ne suis pas assez éclairé pour les voir, que d’ailleurs mes avis sur votre conduite ne vous paraissent pas justes, je conclus que je vous suis inutile, et qu’il faut que je me retire.

Comment ! monsieur, vous retirer ! s’écria l’aînée, ah ! monsieur, mon salut m’est encore plus cher que ma sœur, et je sens bien qu’il n’y a qu’avec un aussi saint homme que vous que je le puis faire. Vous retirer, mon Dieu ! Non, monsieur, c’est d’avec ma sœur qu’il faut que je me retire. Nous pouvons vivre séparément l’une de l’autre, elle n’a que faire de moi, ni moi d’elle ; qu’elle reste, je lui cède cette maison-ci, et je vais de ce pas m’en chercher une autre où j’espère de votre piété que vous voudrez bien me continuer les visites que vous nous rendiez ici ; eh ! juste ciel ! où en sommes-nous ?

L’ecclésiastique ne répondit rien à ce dévot et même tendre emportement qu’on marquait en sa faveur. Ne conserver que l’aînée, c’était perdre beaucoup. Il me sembla qu’il était extrêmement embarrassé ; et comme la scène menaçait de devenir bruyante par les larmes que l’aînée