Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/471

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pas qu’on cherche midi à quatorze heures. Rêvez à cela : quand vous prêchiez ces demoiselles, je n’étais pas loin de la chaire. Pour ce qui est de moi, je n’y entends point finesse ; je ne saurais gagner ma vie à gouverner les filles, je ne suis pas si aise, et je la gagne à faire le tracas des maisons ; que chacun dans son métier aille aussi droit que moi. Il m’est avis que le vôtre est encore plus casuel que le mien, et je ne suis pas aussi friand de ma condition que vous l’êtes de la vôtre. Je ne ferai jamais donner congé à personne de peur d’avoir le mien.

Notre homme, à ce discours, me tourna le dos sans me répondre, et se retira.

Il y a de petites vérités contre lesquelles on n’est point en garde. Sa confusion ne lui donna pas le temps d’ajuster sa réplique, et le plus court était de se sauver.

Cependant Catherine ne revenait point, et je fus bien encore un quart d’heure à l’attendre ; enfin elle descendit, et je la vis entrer en levant les mains au ciel, et en s’écriant : Hé ! mon bon Dieu ! qu’est-ce que c’est que tout cela ?

Quoi ! lui dis-je, madame Catherine, s’est-on battu là-haut ? Quelqu’un est-il mort ? C’est notre ménage qui se meurt, mon pauvre garçon, me dit-elle : le voilà qui s’en va.

Hé ! qu’est-ce qui l’a tué ? lui dis-je. Hélas ! reprit-elle, c’est le scrupule qui s’est mis après, par le moyen d’une prédication de monsieur le directeur. Il y a longtemps que j’ai dit que cet homme-là lanternait trop après les consciences.