Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/480

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gros à prononcer ; mais je lui en donnai bien la valeur, et de reste.

Elle ne faisait pas semblant d’y prendre garde, et laissait tout passer, sous prétexte du plaisir innocent qu’elle prenait à ma naïveté.

Je profitai fort bien de son hypocrite façon de m’entendre. J’ouvris alors les yeux sur ma bonne fortune, et je conclus sur-le-champ qu’il fallait qu’elle eût du penchant pour moi, puisqu’elle n’arrêtait pas des discours aussi tendres que les miens.

Rien ne rend si aimable que de se croire aimé ; et comme j’étais naturellement vif, que d’ailleurs ma vivacité m’emportait, et que j’ignorais l’art des détours, qu’enfin je ne mettais pas d’autre frein à mes pensées qu’un peu de retenue maladroite, que l’impunité diminuait à tout moment, je laissais échapper des tendresses étonnantes, et cela avec un courage, avec une ardeur qui persuadaient du moins que je disais vrai, et ce vrai-là plaît toujours, même de la part de ceux qu’on n’aime point.

Notre conversation nous intéressa tant tous deux, que nous en avions oublié la maison qu’elle voulait louer.

À la fin pourtant, l’embarras que nous trouvâmes