Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/481

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dans une rue nous força de nous interrompre, et je remarquai que Mlle Habert avait les yeux bien plus gais qu’à l’ordinaire.

Pendant cet embarras de rue, elle vit à son tour un écriteau. J’aime assez ce quartier-ci, me dit-elle (c’était du côté de Saint-Gervais), voici une maison à louer, allons voir ce que c’est. Nous y entrâmes effectivement, et nous demandâmes à voir l’appartement qui était à louer.

La propriétaire de cette maison y avait son logement, elle vint à nous.

C’était la veuve d’un procureur qui lui avait laissé assez abondamment de quoi vivre, et qui vivait à proportion de son bien. Femme avenante au reste, à peu près de l’âge de Mlle Habert, aussi fraîche, et plus grasse qu’elle ; un peu commère par le babil, mais commère d’un bon esprit, qui vous prenait d’abord en amitié, qui vous ouvrait son cœur, vous contait ses affaires, vous demandait les vôtres, et puis revenait aux siennes, et puis à vous. Vous parlait de sa fille, car elle en avait une ; vous apprenait qu’elle avait dix-huit ans, vous racontait les accidents de son bas âge, ses maladies ; tombait ensuite sur le chapitre de défunt son mari, en prenait l’histoire du