Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/515

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Je m’étais jeté à genoux pour lui parler ainsi, et je lui baisai la main, qu’elle crut dévotement devoir abandonner aux transports de ma reconnaissance.

Lève-toi, la Vallée. Oui, me dit-elle après, oui, je t’épouserai ; et comme on ne peut se mettre trop tôt dans l’état où la Providence nous demande ; que d’ailleurs, malgré notre parenté établie, on pourrait trouver indécent de nous voir loger ensemble, il faut hâter notre mariage.

Il est matin, répondis-je ; en se trémoussant le reste de la journée, en allant et venant, est-ce qu’on ne pourrait pas faire en sorte, avec le notaire et le prêtre, de nous bénir après minuit ? je ne sais pas comment cela se pratique.

Non, me dit-elle, mon enfant, les choses ne sauraient aller si vite ; il faut d’abord que tu écrives à ton père de t’envoyer son consentement.

Bon ! repartis-je, mon père n’est pas dégoûté ; il consentirait, quand il serait mort, tant il serait aise de ma rencontre.

Je n’en doute pas, dit-elle, mais commence par faire ta lettre ce matin ; il nous faudra des témoins, je les veux discrets ; mon dessein est de cacher d’abord notre mariage, à cause de ma sœur, et je ne sais qui prendre.

Prenons notre hôtesse, lui dis-je, et quelqu’un de ses amis ; c’est une bonne femme qui ne dira mot.

J’y consens, dit-elle, d’autant plus que cela fera cesser toutes ces petites amitiés qu’elle te fit hier, et qu’elle continuerait peut-être encore ; aussi bien que la