Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/524

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Nous nous rendîmes donc sur les six heures du soir à la paroisse où devait se trouver cet ecclésiastique, à qui nous avions à parler ; il était averti que nous viendrions, mais il n’avait pu nous attendre, et un de ses confrères nous dit, de sa part, qu’il se rendrait dans une heure ou deux chez notre hôtesse.

Nous nous en retournâmes et nous étions prêts à nous mettre à table, quand on nous annonça l’ecclésiastique en question, qu’on ne nous avait pas nommé, et à qui on n’avait pas dit notre nom non plus.

Il entre. Figurez-vous notre étonnement, quand, au lieu d’un homme que nous pensions ne pas connaître, nous vîmes ce directeur qui chez Mlles Habert avait décidé pour ma sortie de chez elles !

Ma prétendue fit un cri en le voyant, cri assez imprudent, mais ce sont de ces mouvements qui vont plus vite que la réflexion. Moi j’étais en train de lui tirer une révérence que je laissai à moitié faite ; il avait la bouche ouverte pour parler, et il demeura sans mot dire. Notre hôtesse marchait à lui, et s’arrêta avec des yeux stupéfaits de nous voir tous immobiles ; un des témoins ami de l’hôtesse, qui s’était avancé vers l’ecclésiastique pour l’embrasser, était resté les bras tendus ; et nous composions tous le spectacle le plus singulier du monde : c’était autant de statues à peindre.